Témoignages

Afin d’encourager les employés et les gestionnaires à parler ouvertement des problèmes de santé mentale, nous vous présentons ici quelques témoignages provenant d’employés du Ministère.

    • Lea Werthman

      (PDF, 635 KB)

      Le continuum de la santé mentale et de la vie

      Lea Werthman

      Je suis devenue une ardente défenseure de la santé mentale en 2008, lorsque ma meilleure amie s’est enlevé la vie. J’ai canalisé toute ma douleur et mon chagrin dans une croisade personnelle pour détruire les préjugés qui l’ont poussée à garder le silence. Je suis devenue une championne pour les personnes atteintes de maladies mentales.

      À l’époque, je ne me suis pas rendue compte que je vivais mon propre combat contre des problèmes de santé mentale. Je voyais, comme le reste du monde, la maladie mentale comme un phénomène binaire : on est atteint, ou on ne l’est pas. Je n’étais pas malade. Mon amie, si. Et elle l’avait payé de sa vie.

      Ma passion pour la défense de la santé mentale a formé un heureux ménage avec la nouvelle Stratégie pour la fonction publique fédérale sur la santé mentale en milieu de travail. Cette Stratégie aide à redéfinir les discussions au sujet de la santé mentale, de la culture hiérarchique, de la gestion du rendement et des ressources humaines. J’ai été honorée d’assumer le rôle de championne de la santé mentale pour la Direction générale des services aux citoyens.

      Le continuum de la santé mentale : un concept transformateur

      L’ancienne mentalité consistait à penser que la santé mentale est un phénomène binaire : on est « en santé » ou « malade ». Grâce au continuum de la santé mentale, j’ai eu une prise de conscience à propos de la santé mentale en général, et de la mienne en particulier. Il est évident que nous évoluons constamment entre deux extrêmes : « en santé » et « malade ».

      La plupart d’entre nous, du moins on l’espère, vivent du côté « en santé » du spectre. Mais la vie est dure. Parfois, elle est même brutale. Notre nouvelle compréhension nous intime d’aider les gens à traverser les stades « réactif » et « blessé » pour qu’ils reviennent au stade « en santé ». C’est une responsabilité semblable à celle que nous avons envers les personnes physiquement malades ou blessées.

      Mon histoire

      À la dernière fête de l’Action de grâce, mon mari m’a dit qu’il voulait qu’on se sépare, après 13 années de mariage. Un mariage que je croyais parfait. Mon monde a alors basculé et je suis tombée dans un abîme de chagrin. J’ai immédiatement parlé à mon directeur. J’ai communiqué avec le Programme d’aide aux employés. J’ai consulté un psychologue. J’ai pleuré, hurlé contre le trafic, passé de mauvaises nuits. Puis j’ai craint que malgré tous mes efforts, je devienne peu à peu « malade ».

      Le continuum m’a permis de me voir sous un autre jour. Plutôt que de me penser « brisée » ou « malade », je sais maintenant que je réagissais à un bouleversement. Parfois, je redeviens « blessée ». Ce n’est pas grave. Parfois, j’ai un rhume. Parfois, l’arthrite dans mon genou me fait mal. Ce n’est qu’un autre moment dans le continuum du mieux-être.

      J’éprouve une immense gratitude pour mon incroyable directeur, qui a su m’accorder l’espace dont j’avais besoin pour prendre soin de moi. Le cadre d’EDSC en matière de santé mentale en milieu de travail me donne les moyens de demander de l’aide. Au lieu de prendre des mois de congé d’invalidité, je travaille, soutenue par ma famille du bureau, et je traverse cette épreuve.

      Je ne serai pas définie par la tristesse que je ressens. J’utiliserai plutôt cette expérience pour vous raconter mon histoire sur le continuum de la vie.

 

    • D’Arcy Gauthier

      (PDF, 296 KB)

      D’Arcy Gauthier

      Mon nom est D’Arcy et je suis un alcoolique et un toxicomane. C’est comme ça que je me présente lors des réunions des AA pour discuter des sujets mentionnés.

      Mon histoire est semblable à celle d’un grand nombre de personnes — bien des gens sont aux prises avec la toxicomanie sans que vous ne vous en rendiez compte. Enfant, j’étais très anxieux et j’essayais toujours de faire plaisir aux gens qui m’entouraient afin qu’ils m’aiment et me respectent. J’ai vécu les angoisses que connaissent la plupart des adolescents : je voulais être beau et je voulais que tout le monde m’aime, plus particulièrement les filles. J’aspirais également à avoir une carrière que j’aimerais, à marier la femme dont je serais amoureux et à être le meilleur père possible.

      À l’âge de 14 ans, j’ai pris mon premier verre et je me suis soudainement senti en paix. Toutes mes craintes se sont évanouies (après que la brûlure dans ma gorge se soit estompée). Je ne savais pas que ce moment allait définir le reste de mon adolescence et de ma vie adulte. À l’âge de 19 ans, j’ai rencontré une femme. Nous sommes sortis ensemble, avons emménagé ensemble et nous sommes parlé de notre avenir. Toutefois, j’étais très malheureux et je croyais que ne je réussirais jamais à faire mieux. Bref, je me suis contenté de ce que j’avais. Ma consommation d’alcool n’avait jamais été aussi importante. J’ai pris plus de 70 livres. J’ai commencé à consommer de la drogue. J’ai fait des choses dont je ne suis pas fier et dont je ne serai probablement jamais capable de parler. Mais les drogues et l’alcool me permettaient d’oublier que j’allais marier quelqu’un que je n’aimerais jamais réellement.

      À 27 ans, j’ai enfin eu le courage de quitter cette personne. Les choses ont empiré. Ce que je faisais avant pour me faire plaisir me rendait malheureux et m’isolait. J’ai pensé au suicide. Afin de faire taire ces voix inquiétantes, je consommais plus d’alcool et de drogues. Je ne pouvais plus fonctionner sans avoir consommé d’alcool ou de drogues.

      Plusieurs mois après avoir bouleversé ma vie, j’ai été embauché dans la fonction publique, plus précisément au Centre d’appels de l’assurance-emploi. J’ai rencontré ma meilleure amie que j’ai éventuellement mariée. Notre avenir était rempli d’espoir et de possibilités. Mais j’étais incapable de me débarrasser de ma dépendance. J’avais toujours cru que je serais capable d’arrêter n’importe quand — j’avais tort. Lorsque j’ai rencontré ma femme, je ne pouvais pas admettre que j’étais un alcoolique ou un toxicomane. Je me disais que je n’étais qu’un homme qui aimait faire la fête et boire la maison — seul, s’il le fallait.

      J’avais tout ce que j’avais désiré quand j’étais adolescent — la carrière et le mariage —, mais cela ne m’a pas sauvé. J’ai continué à nier ma dépendance. J’ai pris des médicaments pour traiter une dépression. Puis un trouble bipolaire. J’ai été interné trois fois en l’espace de 15 mois parce que j’avais des pensées suicidaires et pour traiter ma toxicomanie. J’avais pris des congés de maladie sans solde à plusieurs reprises, je consultais un conseiller nommé du Programme d’aide aux employés (PAE) et j’étais suivi par un psychiatre. Je prenais six différents antidépresseurs et antipsychotiques, on m’a enlevé un rein, je souffrais d’hypertension, je fumais, je buvais et je consommais des drogues. J’étais une bombe à retardement.

      J’en avais fini avec la vie. J’avais pensé au suicide à plusieurs reprises, mais j’étais incapable de passer à l’acte. Je me tuais à petit feu en consommant des drogues et de l’alcool. Je savais qu’en continuant, je finirais simplement par ne pas me réveiller un jour.

      Enfin, en août 2015, j’en ai eu assez. En fait, ma femme en avait eu assez. Je devais arrêter ou demander de l’aide pour soigner ma dépendance. Je me suis inscrit à un programme de traitement et, 35 jours plus tard, j’étais un homme différent, plein d’espoir. Le 26 août dernier, j’ai célébré un an de sobriété continue. Cela m’a demandé beaucoup de travail; j’ai assisté régulièrement à des réunions des AA et j’ai reçu le soutien de mes proches, qui m’ont beaucoup aidé, en particulier mon épouse aimante et dévouée. Je n’ai pas peur de parler de ma lutte contre la dépendance aux autres, parce que je sais que les liens que je noue avec d’autres toxicomanes m’aident à me rétablir. Cela me fait du bien d’échanger avec les autres.

      Je suis très encouragé par le fait que mon employeur et le syndicat font des progrès pour créer un milieu de travail qui valorise la santé mentale. Je ne serais pas ici aujourd’hui à vous raconter mon histoire, n’eût été l’aide de mon chef d’équipe à l’époque, mon gestionnaire du centre d’appels, le Programme d’aide aux employés et l’atelier du programme d’apprentissage mixte.

 

    • Suzanne Morin Blanchard

      (PDF, 287 KB)

      Les répercussions de la maladie mentale sur les proches

      Suzanne Morin Blanchard

      Lorsque la maladie mentale frappe un être cher, toute la famille est touchée. Vivre avec un être cher, comme un parent, un frère ou une sœur, un conjoint ou un enfant, atteint d’une maladie mentale, peut avoir une incidence négative sur votre bien-être. Le stress et la fatigue qui en découlent ont souvent une incidence au travail, ce qui fait que trouver du soutien est essentiel.

      En raison de la stigmatisation associée à la maladie mentale et de la peur d’être étiqueté, un de mes proches, Jamie[1], n’a jamais reçu le traitement approprié. Après plusieurs années de discussion, Jamie a enfin accepté de consulter quelqu’un. Malheureusement, Jamie n’a jamais reçu de diagnostic précis ni de traitement approprié complet.

      Chaque jour, l’humeur de Jamie changeait de manière inattendue; il pouvait avoir des accès de colère et des comportements violents. Même s’il était soutenu par ses proches, Jamie était souvent tourmenté par un sentiment d’isolement et de solitude.

      Essayer de protéger les autres des sautes d’humeur de Jamie, tout en maintenant un équilibre dans un climat instable, devenait une croix cachée à porter. Cela m’a épuisée et cela a eu de graves répercussions sur mon bien-être. J’ai souffert de dépression et d’anxiété. Cela a eu une incidence sur ma vie personnelle et professionnelle. Je n’ai jamais parlé de ma souffrance, en particulier au travail. Je voulais donner l’illusion que tout était normal. J’ai donc souffert en silence.

      Je me suis perdue en essayant d’aider Jamie à trouver un moyen de se sortir du gouffre de la maladie mentale. Ce faisant, j’ai autorisé Jamie à me dérober ma vie. Le silence n’est pas toujours d’or. Parfois, il devient un dragon ou un démon à combattre.

      Pour mon propre bien-être, j’ai dû finir par faire le choix difficile de quitter Jamie. J’ai réalisé qu’au lieu d’aider Jamie, j’étais devenue un catalyseur. Il m’a fallu beaucoup de temps pour guérir les cicatrices laissées par cette blessure et pour atténuer la culpabilité qui me rongeait. Lorsque j’ai compris que ce n’était pas une bataille que je pouvais mener seule, j’ai demandé à recevoir du counseling et de l’aide pour surmonter la douleur que je ressentais.

      Quand l’arbre cache la forêt, il est parfois difficile de donner un sens à ce qui nous arrive et à ce qui se passe autour de nous, à tel point qu’il est impossible de faire des choix sains. De nos jours, nous discutons plus ouvertement de la maladie mentale; il n’y a plus de raison d’avoir honte.

      Mon conseil pour tous ceux qui vivent avec une personne atteinte d’une maladie mentale est de chercher de l’aide et du soutien pour eux-mêmes. N’affrontez pas la situation seul! Vous avez besoin d’aide et vous devez prendre soin de vous-même avant de pouvoir aider quelqu’un d’autre.

      [1] Pour préserver la confidentialité de la personne, un nom fictif est utilisé.

 

    • Sue Spooner

      (PDF, 290 KB)

      Sue Spooner

      Je m’appelle Susan, Susie ou Sue Spooner. Peu importe le nom que l’on me donne, je suis un peu nerveuse et un peu gênée de dire que je vis avec la dépression. Il m’a fallu des années pour me l’admettre, sans parler de l’avouer à d’autres personnes, en particulier à mes collègues. Je croyais que c’était un signe de faiblesse et il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre que j’avais besoin d’aide.

      Je me souviens d’essayer d’expliquer comment je me sentais quand j’étais plus jeune, mais que l’on croyait qu’il s’agissait seulement d’une étape dans le développement d’une jeune adolescente. Au fond, je savais que c’était plus grave, mais je ne pouvais pas l’expliquer et je ne voulais surtout pas que l’on sache que je faisais une dépression. À l’extérieur, je semblais être une jeune fille normale et heureuse. Mais à l’intérieur, je n’étais pas du tout cette personne. Pourquoi ne l’a-t-on pas remarqué? Pourquoi ne voyait-on pas les larmes au fond de mes yeux ou la douleur que je ressentais à l’intérieur? Parce que je ne voulais pas en parler.

      Ma dépression a persisté jusqu’à l’âge adulte, ce qui a eu une incidence négative sur mon estime personnelle et qui m’a causé des problèmes d’anxiété au fil des ans. Chaque fois que je tentais d’expliquer comment je me sentais à ma famille ou à des amis intimes, on me donnait la réponse typique : « Pourquoi serais-tu déprimée? Tu as un bon mari, des enfants adorables, une belle maison, un emploi bien rémunéré, une automobile, de quoi manger… ». La liste s’allongeait sans cesse. Ensuite, je me sentais encore plus mal, parce qu’ils avaient raison. Pourquoi étais-je déprimée?

      La cause de ma dépression n’est pas liée à une situation; c’était un déséquilibre chimique. Cependant, je l’ignorais à l’époque. Bien sûr, cela a eu une incidence sur ma vie professionnelle. Maintenant, je suis à une étape de ma vie où je peux améliorer ma santé psychologique en reconnaissant que j’ai besoin d’aide et en m’ouvrant aux autres. J’ai des collègues qui m’aident comme si je souffrais d’une maladie comme le diabète ou l’hypertension artérielle. Je ne parle pas constamment de mon problème à mes collègues, je me concentre sur mon travail. Mais, je ne le cache plus non plus. J’ai découvert que cela fonctionne pour moi.

      Je m’appelle Susan, Susie ou Sue Spooner. Peu importe le nom que l’on me donne, je ne suis plus nerveuse ou gênée d’admettre que je vis avec la dépression. Il n’est jamais trop tard pour en parler et faire quelque chose.

Pour obtenir de l’aide, commencez par une personne ou un contexte qui vous donne l’impression d’être en sécurité et de ne pas être jugé. Grâce au Programme d’aide aux employés, il suffit d’un appel téléphonique! Les symptômes de détresse mentale comprennent l’isolement; nous croyons que les autres sont une source de danger plutôt que de sécurité. Pourtant, lorsque nous choisissons bien notre entourage, nous constatons qu’il y a plus de personnes prêtes à nous aider que nous l’imaginions.

Consultez les autres pages de la section sur La santé mentale en milieu de travail pour obtenir de plus amples renseignements sur les outils et les ressources disponibles et formuler des commentaires sur cette initiative.

Si vous désirez offrir votre témoignage, veuillez prendre note des conseils de rédaction et de la procédure (PDF, 106 Ko).