Le couple et l'argent peuvent faire bon ménage!

Volume 25,3

Ce n'est pas un secret de polichinelle, l'argent compte parmi l'un des sujets qui génèrent le plus de tension au sein du couple. Dans ce bulletin, nous allons aborder trois sujets. Pourquoi l'argent est-il un thème si chargé émotionnellement dans un couple? Quels sont les différents mécanismes de partage des dépenses et des revenus? Enfin, comment s'y prendre pour atténuer l'impact des différences face à ce sujet si épineux?

Pourquoi l'argent génère-t-il autant de tension chez les couples?

L'argent, pour bien des personnes, est un sujet particulièrement émotif. En effet, il rejoint des besoins, des valeurs ou des principes fondamentaux et fortement ancrés. À titre d'exemple, prenons la situation de Mélanie et de Bruno. Mélanie est éducatrice en garderie et travaille à temps partiel. Pour le reste, elle occupe pratiquement tout son temps à prendre soin de trois jeunes enfants et du bon fonctionnement de la maison. Bruno est gestionnaire de portefeuille privé. Il s'investit beaucoup dans son boulot qui le valorise et lui permet également de gagner un revenu annuel substantiel. Vous vous en doutez bien, l'écart de revenu entre Mélanie et Bruno est considérable, tellement qu'il est multiplié par dix. Conséquemment, peu de temps après la naissance de leur premier enfant, Mélanie s'attendait à ce qu'ils rencontrent un professionnel pour signer une entente de vie commune dans laquelle il serait mentionné qu'en cas de séparation, ils se partageraient tous leurs biens (propriétés, véhicules, régimes de retraite...) à parts égales. Bruno, quant à lui, aime bien être en contrôle dans la vie et ainsi pouvoir gérer ses avoirs un peu comme il le souhaite. Au début, il a vu d'un très mauvais œil que Mélanie lui propose ce type d'arrangement. Il a même présumé qu'elle était possiblement avec lui à cause de sa fortune, mais pas tant parce qu'elle l'aimait. Cette proposition l'a contrarié et blessé. De son côté, Mélanie a cru que Bruno n'était pas vraiment engagé auprès d'elle, qu'il n'avait pas à cœur sa sécurité matérielle à elle et qu'il ne reconnaissait pas sa contribution au niveau familial et domestique. Elle a vécu cette réserve comme une profonde injustice et un manque de confiance. Nous verrons un peu plus loin dans le texte comment ils ont pu mieux se comprendre et en arriver à une entente.

Essentiellement 3 façons de gérer les dépenses et les revenus

Quand il s'agit de partage des dépenses et des revenus entre deux personnes qui ont décidé d'unir leur destinée, il existe essentiellement trois principes: la mise en commun de revenus et des actifs, le partage des dépenses ou prorata de revenus et le partage à parts égales, et ce, indépendamment des revenus. Dans la première façon de faire, les couples font le choix de mettre leurs avoirs et leurs revenus en communs. Ce qui est à toi est à moi et vice versa. Cette façon de fonctionner implique que les partenaires doivent se consulter et s'entendre sur leurs dépenses autant communes qu'individuelles. Même si Érika gagne plus d'argent que Sophie, elle devra la consulter si elle veut s'acheter une nouvelle causeuse en cuir véritable. Consulter ne signifie pas aviser l'autre d'une dépense à venir ou la mettre devant le fait accompli. Cela implique qu'on doive discuter et faire des compromis pour en arriver à une entente qui convient aux deux avant d'effectuer la dépense. L'obligation de consultation peut générer parfois sinon souvent, des grincements de dents, mais les individus qui préfèrent la mise en commun témoignent d'un sentiment de justice, d'équité, de confiance et d'engagement plus grand. Le partage au prorata suppose que chaque partenaire paye sa juste part des dépenses communes selon son revenu. Catherine gagne 70 000$ par année, alors que Marc en fait 30 000$. Elle doit donc assumer 70 % de leurs dépenses conjointes (nourriture, électricité, logement, etc.). Pour ce qui est de leurs dépenses personnelles (vêtements, loisirs et régimes de retraite), ils sont libres de faire ce qu'ils veulent avec leur argent. Cette approche implique, tout comme la première, une forme de consultation pour les dépenses communes, mais une plus grande liberté de gestion des dépenses personnelles. Cette approche nécessite de la discipline et de la rigueur pour bien documenter qui a payé quoi, pour ensuite faire le calcul de qui doit quoi à qui. Lorsque l'écart des revenus est considérable, certaines personnes pourraient être blessées par le fait que leur partenaire puisse avoir un niveau de vie et une sécurité financière beaucoup plus importante (plus de loisirs, un meilleur véhicule, plus d'argent pour la retraite). La dernière méthode, et non la moindre, le partage à parts égales où chacun contribue à hauteur 50 % pour toutes les charges financières communes indépendamment de l'écart de revenu. C'est la méthode chacun pour soi. Si les tourtereaux ont des revenus similaires, cette approche peut tenir la route, mais plus l'écart se creuse, plus les tensions risquent d'augmenter. En effet, la personne qui gagne le moins risque de s'endetter pour suivre le niveau de vie du partenaire plus fortuné. À la longue, elle risque de cumuler du ressentiment, d'être blessée et donc de devenir plus irritable, plus critique ou de carrément s'éloigner émotionnellement.

Quoi faire pour mieux vivre avec nos différences face à l'argent?

Qu'il s'agisse de conflits liés à l'argent ou tout autre problème de couple, l'important est de mettre le conflit sur le dos de la différence entre les deux partenaires, au lieu de présumer d'un défaut chez l'autre. Quand on présume que le conflit qui nous oppose est uniquement de la faute de l'autre et qu'il a tort, nous avons tendance à le juger, en disant par exemple : « elle est trop mesquine » ou encore « il est trop impulsif dans ses dépenses » et nous avons aussi tendance à vouloir le changer en lui imposant notre vision des choses. Cette approche ne fonctionne évidemment pas à long terme, car la majorité des êtres humains ne supportent le jugement et l'imposition. La première démarche vers une bonne entente réside dans l'ouverture et l'intérêt pour la position de notre partenaire, dans le but de mieux connaître ses besoins, ses émotions et sa façon de voir la situation. S'intéresser à l'autre ne veut pas dire être d'accord, mais mieux accepter qu'il soit différent de nous. Lorsqu'on prend la peine de s'intéresser à qui l'autre est, on comprend mieux ce qui se cache derrière son comportement. On est ensuite plus disposé à discuter pour en arriver à des solutions. Les meilleures ententes supposent des concessions réciproques, parfois importantes, mais aussi que chacun a obtenu réponse à ce qui comptait le plus pour lui (elle).

Que sont devenus Bruno et Mélanie?

Après de multiples discussions, pas toujours faciles et agréables, ils en sont finalement arrivés à des ententes satisfaisantes. Bruno, après avoir compris l'importance pour Mélanie d'être sécurisée et reconnue pour sa contribution, a accepté de signer une entente de vie commune avec un professionnel, ce qui la rassurait considérablement. Elle s'est sentie importante à ses yeux et s'est beaucoup rapprochée de son conjoint. En revanche, Bruno a réalisé que même s'il avait à partager sa fortune, il lui en resterait amplement pour faire ce qu'il désire dans la vie. Plus que jamais, il se sent aimé par Mélanie et c'est ce qui est le plus important pour lui quotidiennement.

Pour avoir accès à des services de soutien psychologique confidentiels, communiquez avec votre Programme d'aide aux employés au 1-800-268-7708 ou au 1-800-567-5803 pour les malentendants.

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