L’adolescence : croisière en mer mouvementée!

Volume 24-6

Est-il possible de maintenir des relations satisfaisantes avec nos adolescents?

Quand on parle de l’adolescence, on parle souvent de ce que les ados nous font vivre en tant que parent durant cette période. Il est vrai que les changements dans notre rôle parental et dans la relation sont parfois difficiles à aborder. Tout à coup, plus rien de ce qu’on dit ne semble avoir de sens à leurs oreilles. Nos blagues ne sont plus drôles, l’argumentation monte en flèche, ils ne semblent plus vouloir passer du temps avec nous, nos interventions et parfois même notre simple présence semble les irriter. Par ailleurs, cette période de transition est souvent source d’inquiétude importante pour les parents: Est-ce que mon enfant saura bien s’entourer ou subira-t-il des influences négatives? Va-t-il se laisser tenter par la drogue? Saura-t-il faire preuve de jugement face à l’alcool, la sexualité et la violence? Sur quels aspects dois-je garder le contrôle et quelles expériences dois-je lui laisser vivre? Ouf! Pas simple, non?

Toutefois, afin de rester indulgent à leur égard, il faut aussi se rappeler les nombreux défis aux-quels font face les jeunes durant cette période pour le moins tumultueuse. En effet, en plus des défis sociaux importants, ils subissent aussi de nombreux changements physiques et hormonaux et se comparent énormément aux autres, ce qui rend parfois difficile l’acceptation de leur corps. Les hormones jouent au yoyo avec leurs émotions et ils se sentent souvent fatigués et irritables. Ils doivent aussi conjuguer avec une augmentation marquée des attentes de leur entourage à leur égard. Pas facile d’être un ado!

Dans le but d’obtenir et de maintenir des relations satisfaisantes avec nos jeunes et de garder une certaine influence dans leur vie, malgré leur besoin d’indépendance, ce Bulletin décrit quelques pièges importants à éviter et propose différentes approches ayant comme objectif de nourrir la relation pour ultimement guider nos jeunes vers la responsabilisation et l’autonomie.

Piège no 1 : Vouloir faire copain-copain et être trop « cool »

Bien des parents veulent tellement se montrer « cool » avec leur jeune, qu’ils mettent de côté toute forme d’autorité, se mettent à confier leur vie privée à leur enfant et vont même jusqu’à prendre un petit coup ou fumer du cannabis avec leur adolescent et ses amis. La plupart des jeunes en ressentent un profond malaise. Car, même s’ils crient à la liberté, les jeunes savent très bien qu’ils ont encore besoin d’encadrement et de hiérarchie. Des copains, ils en auront des centaines, des parents ils n’en ont généralement que deux. De plus, à trop vouloir être leur ami, on risque fort de perdre notre crédibilité parentale et d’avoir ensuite bien du mal à mettre des interdits lorsqu’ils vont trop loin.

Mais que dois-je faire?

Il importe de respecter le besoin de garder une distance avec notre jeune et d’accepter que, pour un certain temps, il aura le désir et le besoin d’être entouré d’amis de son âge et de faire des ex-périences par lui-même. Il faut donc savoir s’effacer un peu et laisser de la place pour les amis. Rien n’empêche toutefois de garder une belle relation à travers des discussions ouvertes et des activités familiales, même si, parfois, il faut pousser un peu pour qu’il nous accompagne.

Piège no 2 : Surprotéger le jeune et lui rendre la vie trop facile

Les adultes d’aujourd’hui ont la fâcheuse tendance à aplanir toutes les routes devant leurs en-fants et à en retirer tous les obstacles. Ariane est un peu fatiguée ce soir? On fera ses tâches à sa place et on écrira à l’enseignante pour l’excuser de ne pas avoir fait ses devoirs. Samuel a perdu son emploi? On appelle son employeur pour le supplier de lui laisser une chance ou on lui trouve illico un nouveau boulot sans qu’il n’ait eu à lever le petit doigt. On pense bien faire en agissant ainsi, on croit prendre bien soin de nos enfants, mais, sans s’en rendre compte on tue à petit feu leur résilience, leur persévérance et leur capacité de résolution de problème. L’humain est ainsi fait: il se complait vite dans la facilité et évite généralement de sortir de sa zone de con-fort. Les adolescents n’échappent pas à la règle. Quand leur vie est trop facile et comporte peu d’occasions de réfléchir, de chercher des solutions et de se dépasser, leur cerveau n’a pas de possibilités de se développer et ils ont tendance à devenir de moins en moins créatifs, de moins en moins impliqués et de moins en moins énergiques.

De plus, puisque les médias nous renvoient tous les jours une impression que nous vivons dans un monde dangereux et puisque nous voulons à tout prix protéger nos enfants des influences négatives et des possibles erreurs de parcours, nombre de parents tombent aussi dans l’excès de protection et d’encadrement, en interdisant au jeune les activités propres à son âge. Mais, en cherchant un peu trop à s’assurer de la sécurité de notre ado, on lui renvoie parfois l’impression que nous n’avons pas confiance en son jugement et en sa force et qu’il est préférable de ne prendre aucun risque dans la vie.

Quelques exemples de comportements surprotecteurs pour un adolescent de plus de 13 ans :

  • Appeler l’école parce que l’enfant est puni et qu’on juge la conséquence trop sévère;
  • Appeler l’employeur s’il perd son travail;
  • Appeler les parents des amis avec qui il s’est querellé;
  • Refuser qu’il visionne des films d’horreur ou violents qui affichent pourtant une cote de « 13 ans et + »;
  • Interdire au jeune d’aller au centre commercial ou au cinéma avec des copains sans surveil-lance parentale;
  • Refuser que le jeune dorme chez des amis et ce même si on connaît bien les parents;
  • Lui épargner toute tâche et responsabilité;
  • Préparer à sa place son lunch, son sac d’école, son sac de hockey, toujours s’assurer qu’il n’oublie rien;
  • Choisir à sa place ses vêtements;
  • Rester à côté de lui ou d’elle, pendant toute la période des devoirs et leçons;
  • Être toujours derrière lui pour lui dire quoi faire, quand le faire et comment le faire.

Mais que dois-je faire?

Cultiver le sens de l’effort!

Exigez que le jeune contribue, à la mesure de ses capacités, à obtenir ce qu’il veut: « Tu as be-soin que j’aille te conduire quelque part? Bien sûr, mais j’aurais besoin de ton aide pour plier les vêtements afin que je puisse me dégager du temps. », « Tu as besoin que je te prête la voiture ce soir pour aller faire un tour avec les copains? Pas de problème, mais j’aimerais que tu tondes le gazon en retour, d’accord? » Il importe aussi de laisser les jeunes assumer une partie des tâches ménagères, comme de vider le lave-vaisselle ou passer un coup de balais et ce, même s’il est occupé, même s’il est fatigué et même s’il ronchonne.

Lui apprendre à réfléchir

La réussite, quelle qu’elle soit, commande également une certaine dose d’initiative et de capacité de réflexion. Pour aider l’adolescent à développer cet aspect, cessez simplement d’être toujours derrière lui pour lui dicter sa conduite ou solutionner ses problèmes. Ainsi, plutôt que de dire: « Thomas, viens t’assoir à la table, c’est l’heure de tes devoirs. » on pourra dire: « Quand comptes-tu faire tes travaux scolaires? » ou « Mon beau Thomas, je vois que tu as ouvert la télévision…qu’est-ce qui cloche à ton avis? » Avec Sophia qui vit une difficulté avec son ensei-gnante, plutôt que de régler la situation ou même de lui suggérer quoi faire, il sera plus pertinent d’amener la jeune fille à trouver ses propres solutions: « Comment te sens-tu là-dedans? Que comptes-tu faire? Quelles sont les différentes solutions? »

Piège no 3 : Les critiques incessantes

Cherchant à bien éduquer leurs jeunes, nombre de parents ont la fâcheuse habitude de relever chacune des erreurs de leur progéniture et d’insister un peu trop lourdement sur les comporte-ments indésirables et leurs effets négatifs possibles. Il arrive aussi, que pour pousser leur enfant à s’améliorer, certains parents soient atteints du « syndrome de la bête noire »: « Oui tu as eu une bonne note, mais tu pourrais tellement faire mieux si tu y mettais un peu d’effort! »

Nos critiques négatives, notre ton désapprobateur, nos soupirs et nos gestes d’impatiences peu-vent être interprétés par l’enfant comme si nous sommes déçus de lui et que ses comporte-ments (et lui tout entier!) nous agacent. En finale, notre attitude peut être perçue comme une forme de rejet.

Lui donner le droit à l’erreur

Si on désire que notre enfant développe son jugement et sa capacité de réfléchir avant d’agir, il importe de le laisser expérimenter quelque peu et ce, sans intervenir. Il ne veut pas étudier en vue de son examen d’histoire? Peut-être est-il préférable qu’il assume le résultat de son inaction plutôt que de se faire pousser, malgré lui, par ses parents. C’est en faisant parfois des erreurs et en les assumant, que le jeune apprendra progressivement à mieux juger des conséquences de ses actes et à faire des choix éclairés. À trop chercher à contrôler nos enfants, ou bien ils développent de la « surdité sélective », ou bien ils apprennent à ne plus se faire confiance, ou encore ils finissent par faire tout ce qui leur passe par la tête sans réfléchir et ils attendent que les adultes les contrôlent. Dans un cas comme dans l’autre, on nuit à la responsabilisation, la-quelle est aussi nécessaire à la réussite!

Enfin, il existe de nombreuses autres façons de nourrir une saine relation avec nos enfants, mais rappelons-nous que ce dont ils ont surtout besoin, c’est de notre indulgence, de notre appui in-conditionnel, de notre confiance et de notre amour au quotidien.

Pour avoir accès à des services de soutien psychosocial confidentiels, veuillez communiquer avec votre Programme d’aide aux employés au 1-800-268-7708 ou au 1-800-567-5803 pour les malentendants.