La santé mentale : comment en parler avec ceux qui nous sont chers

Bulletin du PAE 2021, numéro 3

Par les temps qui courent, nous devons nous adapter à des changements constants. En quelque sorte, la pandémie nous a tous mis dans la même situation, mais nous vivons l'expérience différemment. Certains parviennent à retrouver une forme d'équilibre malgré les secousses des vagues, d'autres ont de la difficulté à demeurer en équilibre. Mais quand nous constatons que quelqu'un près de nous ne semble pas du tout bien aller – un collègue, un membre de la famille, un parent ou un voisin – comment pouvons-nous aborder le sujet sans causer de malaise ou le faire sentir vulnérable? En apprenant comment être plus à l'aise à entretenir une conversation difficile nous serons mieux préparés à gérer ce type de situation.

Santé mentale encore stigmatisée

Dans notre société, les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale sont encore parfois stigmatisées. Ces gens peuvent vivre de la honte en raison des croyances et attitudes négatives en lien avec la santé mentale. Il peut y avoir également de la peur, de la confusion et de la culpabilité. Ces sentiments peuvent créer des obstacles pour ceux qui pourraient avoir besoin d'aide. Mais comment aborder ce sujet épineux avec une personne qui nous est chère? En ayant un discours neutre et sans jugement, et en approfondissant nos connaissances des approches couramment utilisées en santé mentale.

Partez de ce que vous savez

Supposons un instant qu'une personne de votre entourage vous paraît différente. Quels changements avez-vous observé? Par exemple, est-ce que cette personne :

  • S'isole plus que d'habitude
  • Est plus irritable ou plus susceptible que d'habitude
  • Semble anxieuse pour des choses du quotidien
  • Vit des changements, deuils, pertes, etc.
  • A des comportements troublants (qui posent un risque à sa sécurité ou à son entourage)
  • Connait une fluctuation importante de poids
  • Accorde moins d'importance à l'hygiène personnelle
  • Vit des changements au niveau de ses habitudes de sommeil
  • Manque d'énergie, de motivation
  • Présente une humeur et des comportements drastiquement différents (consomme de l'alcool plus que d'habitude par exemple)
  • A des pensées troublantes
  • Éprouve plus de difficultés à assumer ses responsabilités personnelles ou professionnelles
  • A des idées suicidaires

Peu importe vos observations, votre rôle n'est pas de poser un diagnostic. Éviter de porter jugement sur les changements que vous avez remarqué ou sur ce que vous la personne vous dit. Faites preuve de rassurance et de bienveillance, et offrez de l'aider à trouver les ressources de soutien nécessaires.

La relation

Quel type de relation avez-vous avec cette personne? Êtes-vous proches? Depuis quand la connaissez-vous? Comment réagirait-elle si c'est vous qui lui parliez de ces observations? En préparation de cette discussion, envisagez les réactions possibles afin d'y répondre de manière constructive et respectueuse. Le rapport que vous avez avec cette personne aura une incidence sur la manière dont vous aborderez vos inquiétudes.

Commencer la conversation

Vous pouvez commencer la conversation en parlant de vos observations, par exemple :

  • « J'ai remarqué que depuis un mois, tu ne fais plus du vélo les soirs comme d'habitude et ne sort plus avec tes amis. Je m'inquiète pour toi, comment vas-tu? »; « Peux-tu me parler davantage de comment tu te sens en ce moment? »;
  • « Je sais que tu vis actuellement une séparation de couple, y a-t-il quelque chose que tu veux partager avec moi? »; « Qu'est-ce qui se passe? »; « Qu'est-ce qui ne va pas? »;
  • « Je suis vraiment désolé que tu doives vivre ça. Qu'est-ce-qui t'aiderait à te sentir mieux? »;

Assurez-vous de poser des questions ouvertes, sans jugement, qui décrivent vos observations et inquiétudes. Ainsi, vous obtiendrez plus d'information sur ce qui se passe et serez en mesure de mieux comprendre les besoins de la personne. Par ailleurs, s'il y a un danger immédiat pour votre sécurité ou la sienne, communiquez avec les services d'urgence. Dans d'autres situations urgentes, les lignes d'aide locales ou le programme d'aide aux employés de la personne peuvent offrir du soutien immédiat par téléphone.

Écoute

Avant d'aborder la question avec cette personne, prenez conscience de votre propre état d'esprit. Pensez-vous pouvoir l'écouter et l'entendre sans jugement et sans projeter un état de panique? Pouvez-vous l'écouter avec bienveillance, patience, et l'entendre relater sa réalité peu importe votre opinion? Quelle est votre opinion au sujet de la santé mentale et des maladies mentales? Connaître ses préjugés et savoir s'en défaire peut contribuer à une communication empreinte de confiance avec quelqu'un dans cette situation.

De plus, il est important de choisir un moment calme et un endroit qui vous permet de parler sans être interrompu. Écoutez ce que la personne a à dire en respectant son rythme, son choix de dévoiler ou non des renseignements, et sans lui mettre de la pression. Faites preuve d'écoute active en résumant ce que vous avez entendu ou en demandant des précisions. Si la personne ne souhaite pas parler, vous pouvez lui réitérer votre présence et votre soutien. Cette interaction peut être suffisante pour l'amener à aller chercher de l'aide professionnelle si nécessaire. Votre présence peut aussi limiter le sentiment d'isolement et de honte. L'objectif est d'être à son écoute, de lui offrir des renseignements sur les ressources disponibles et de faire preuve de rassurance par votre présence.

À la suite de la conversation

L'écoute empathique, le fait d'essayer réellement à comprendre ce que l'autre vit, peut amener quelqu'un qui vit des difficultés ou qui a un problème de santé mentale à être ouvert au partage d'information sur les ressources d'aide. Assurez-vous d'offrir des renseignements sur les ressources disponibles et comment y accéder. Vous pouvez aussi:

  • L'aider à communiquer avec un centre de crise, son médecin ou une clinique médicale sans rendez-vous, son PAE, etc.
  • Convenir d'un temps précis pour prendre des nouvelles. Un tel horaire pourrait rappeler à la personne qu'elle compte pour vous et que vous ne la laisserez pas seule.  
  • Dans le cas où vous n'êtes pas aussi proche, vous pouvez l'encourager à dresser une liste des personnes de confiance à qui faire appel dans son réseau.
  • L'aider pour certaines tâches pendant la période de traitement ou de rétablissement (tondre son gazon, amener des plats cuisinés, répit pour les enfants, etc.), dans le respect de vos limites.
  • Aller chercher de l'aide pour vous-même si la situation provoque de l'anxiété, des inquiétudes, de l'insomnie, etc.

En somme, pour offrir du soutien à quelqu'un, c'est primordial de connaître ses propres préjugés, sa disposition mentale et surtout être en mesure de lui offrir une écoute empathique, de la patience et de la bienveillance. C'est aussi nécessaire de prendre soin de soi, de respecter ses limites et faire appel aux ressources communautaires.

Pour avoir accès à des services de soutien psychologique confidentiels, communiquez avec votre Programme d'aide aux employés au 1-800-268-7708 ou au 1-800-567-5803 pour les personnes sourdes ou malentendantes.

Vous pouvez aussi accéder à LifeSpeak, une plate-forme numérique qui offre plus de 1 000 vidéos et capsules d'information sur divers sujets liés au mieux-être, et que vous pouvez partager avec d'autres personnes. Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec votre représentant PAE au sein de votre ministère.