Plan d'action au sujet de la santé mentale

Transcription

La sous-ministre Sterling s'entretient avec la sous-ministre adjointe Wilson au sujet de la conciliation travail-vie personnelle

Wilson : Je pourrais peut-être vous parler un peu de mon rôle de championne de la santé mentale.

Sterling : Bien sûr!

Wilson : Lorsqu'on m'a proposé le rôle de championne des questions de santé mentale à EDSC, j'étais extrêmement enchantée, car je savais que c'était un enjeu important dans le milieu de travail. L'enthousiasme manifesté par les employés et les autres membres de l'organisation a été exceptionnel. L'organisation était prête à s'attaquer à ce problème et elle a réagi très favorablement. J'ai donc collaboré avec d'autres champions, notamment Jacques Paquette, qui a mis sur pied le Comité directeur sur la santé mentale. Il a ensuite passé le flambeau à Sara Filbee, qui en supervise maintenant les travaux. Et je suis ravie d'annoncer que le cadre sur la santé mentale du Ministère sera dévoilé sous peu.

Sterling : Racontez-nous un peu de votre expérience personnelle en ce qui a trait à cette question.

Wilson : Dans la communauté autochtone, nous observons les enseignements de la roue médicinale. Elle illustre essentiellement l'équilibre entre la santé physique, mentale, affective et spirituelle. Donc, imaginez qu'un de ces éléments soit perturbé; cela aura un effet global sur tous les autres. Ce sont mes enseignements et c'est de cette façon que je voudrais aborder cette question. Par exemple, si un jour, vous et moi, nous nous présentons au bureau un peu abattue, car il s'est passé quelque chose à la maison, les collègues peuvent s'en rendre compte. Et cela peut être tout à fait normal, quelque chose de commun au travail, une accumulation de petits riens, mais tout cela a des conséquences. Dans certains cas, cependant, un employé peut avoir vécu un traumatisme qui aura de profondes répercussions sur le milieu de travail. Qui parmi nous n'a pas vécu de traumatisme, un divorce, le décès d'un être cher? Nous devons comprendre et reconnaître ces expériences de vie, car elles nous accompagnent au travail.

Sterling : C'est pour cette raison que nous tentons d'aider nos collègues à se sentir plus à l'aise, à venir nous parler, à nous demander si nous allons bien et s'ils peuvent faire quelque chose pour nous aider. Je pense que cela aide à réduire la stigmatisation liée à ces questions en milieu de travail.

Wilson : C'est exact. Nous gérons facilement nos problèmes physiques, cas nous savons comment les régler. Mais lorsqu'on aborde les troubles mentaux, on se sent plutôt démuni. À mon avis, plus de gens sont dorénavant sensibilisés à ces problèmes. Nous pouvons donc comprendre, reconnaître et accepter ces situations et composer avec.

Sterling : Au Programme du travail, nous avons observé que, à mesure que notre société passe d'un milieu où les activités étaient physiquement exigeantes à un environnement qui compte maintenant une majorité d'employés de bureau, nous recensons un plus grand nombre de maladies professionnelles liées à la santé mentale et moins de blessures physiques. Mais je n'ai pourtant pas l'impression que nous disposons des outils nécessaires pour gérer un nombre croissant de problèmes liés à la santé au travail.

Wilson : Oui. Et je ne suis pas du tout surprise que vous en soyez venue à cette conclusion, car je constate de plus en plus ce changement ici, dans notre organisation. Par ailleurs, je crois que nous l'avons tous observé au cours de notre carrière. Je pense donc que c'est l'objectif que nous tentons d'atteindre grâce au travail que nous accomplissons actuellement : trouver des outils qui répondent aux besoins de chaque milieu de travail. Par exemple, ici à EDSC, nous élaborons un cadre visant à mettre des outils à la disposition des gestionnaires. Que les employés pourront aussi utiliser. Des ressources qui aideront tous les membres de l'équipe à gérer de façon efficace et appropriée les situations qu'ils croient être des problèmes de santé mentale.

Sterling : À mon avis, au gouvernement, nous nous sommes dotés d'un Programme d'aide aux employés qui est assez bon. Lorsqu'un employé ressent le besoin de communiquer avec un conseiller du Programme, l'aide est au bout du fil. Mais je pense qu'il reste encore beaucoup de travail à accomplir avant cette étape. Sommes-nous capables de reconnaître les signaux de stress et sommes-nous à l'aise de communiquer avec le Programme d'aide? Il me semble que nous devrions vraiment nous attarder à cela.

Wilson : Vous avez raison. Le Programme d'aide est une ressource efficace et toujours accessible, mais je pense qu'avant d'y avoir recours, il faut d'abord recourir à nos propres stratégies d'adaptation, à notre réseau de soutien et même à nos amitiés au travail. Nous pouvons établir des relations d'entraide avec nos superviseurs et nos gestionnaires. Selon moi, le Programme d'aide et ce genre de services, autres que les services externes qui offrent du soutien aux personnes ayant un problème de santé mentale, constituent un complément au réseau d'entraide global.

Sterling : L'un des programmes que j'aime beaucoup a été mis sur pied à NAV Canada. Ils font actuellement la promotion d'un programme de soutien par les pairs. En fait, les gens se portent volontaires. Bon nombre d'entre eux ont vécu des expériences personnelles et reçoivent une formation. Ils font donc partie d'un groupe visible en milieu de travail vers qui les employés peuvent se tourner lorsqu'ils ont besoin de parler.

Wilson : C'est une bonne idée. J'aimerais bien voir un programme du genre être mis en place ici, à EDSC.

Sterling : Vous et moi occupons des emplois parfois stressants (rires).

Wilson : Parfois!

Sterling : Jamais voyons! (rires) Quels types de choses, quels types de techniques utilisez-vous?

Wilson : J'ai parlé de la roue médicinale et je pense qu'il s'agit d'un baromètre important pour moi, pour m'évaluer sur le plan physique, faire un peu d'exercice, quand c'est possible, pour avoir un mode de vie qui me permette d'évoluer sur le plan spirituel. Nous n'en parlons pas beaucoup au travail, mais c'est un aspect qui revêt de l'importance dans ma vie, qui me permet de demeurer à l'écoute de ma propre spiritualité, de ma santé mentale et affective. J'ai vécu des expériences traumatisantes dans ma vie. J'ai dû les comprendre, les reconnaître et les accepter, puis apporter des changements à ma vie professionnelle en conséquence. Je crois qu'il s'agit de choses que je fais chaque jour pour tenter de comprendre comment je me sens, par exemple. Je peux donc ainsi adapter ma journée au gré de mes humeurs. De plus, même si ce n'est pas toujours possible, j'essaie de me reposer autant que possible. Je tente au moins chaque jour de quitter le bureau à 17 h 30 et j'essaie de ne pas apporter de travail à la maison. Je m'efforce d'atteindre une certaine forme d'équilibre.

Sterling : En fait, je crois que le fait de poser un regard humble sur le rôle que je joue dans l'issue ultime des choses m'a beaucoup aidé. Donc, même si j'occupe le poste de sous-ministre, je fais toujours partie d'une équipe de gens tous aussi capables que moi, sinon davantage.

Wilson : Votre réseau d'entraide…

Sterling : Oui! Vous savez, j'ai le sentiment que, si je dois m'absenter pour m'occuper d'un de mes enfants ou d'un parent malade, je délègue les tâches à des personnes qui peuvent facilement prendre la relève. (rires)

Wilson : C'est ça, l'équilibre! (rires)